L'Edito Matières Premières & Devises

Mardi 22 septembre 2009
Paris, France

 

Contango ! Tu nous fais mal...
Isabelle Mouilleseaux

Difficile d'y voir clair en ce moment. A en croire les spécialistes, le gaz pourrait bien encore patiner quelques temps avant de reprendre de la hauteur.

Curieusement, notre gaz n'est pas décidé à emprunter la voie de son grand frère le pétrole. Certes, ce dernier a dévissé de 147 $ à 35 $. Mais il est ensuite reparti en fanfare jusque vers les 74 $ le baril. Le cours du gaz naturel, lui, a plongé, et ne s'est jamais relevé.

Cours du gaz en US dollars par btu

Quoi qu'il en soit, entre 2,5 $ et 3 $ le btu, les prix du gaz naturel sont cassés. Nous sommes très loin des 13 $ de l'été 2008. Et investir dans le secteur du gaz, à condition de le faire dans une optique de moyen long terme, est certainement une bonne idée.

En revanche, et à court terme, les messages en provenance du secteur sont brouillés, et plutôt négatifs.

L'épineuse question du stockage
Habituellement, les sociétés productrices stockent dans les sous-sols le gaz extrait durant la période estivale, alors que la demande est faible. Ceci afin d'être prêtes à répondre à la demande qui soudainement s'envole dès le début de l'automne. Avec un pic en décembre.


Mais voilà. Le gaz stocké l'est cette année plus que de raison. Il y en a partout, dans les moindres coins et recoins. Dans les mines de sels, dans des souterrains aquifères, dans tous les puits naturels possibles et imaginables. Et aujourd'hui, le risque majeur est d'être en manque de zones de stockage face à l'afflux de gaz. Ni plus, ni moins.

Et selon le ministère américain de l'Energie, le niveau des stocks devrait atteindre un record de 3 800 pieds cubes d'ici fin octobre. Un record. Soit environ 10% au-dessus du niveau habituel des stocks.

Pas d'OPEP du gaz
Difficile de juguler la production. Car il n'y a pas d'organisation capable de taper du point sur la table et imposer des quotas et restrictions.


Pire : leur production est hedgée !
Les producteurs se sont couverts en négociant à l'avance des prix de vente pour leur production à venir, le tout à des prix bien supérieurs au cours actuel du marché. Donc pourquoi diable restreindraient-ils leur production et fermeraient-ils les verrous ?!


Nous marchons sur la tête.

Dans ces conditions, inutile de vous dire que les spéculateurs parient à fond sur la baisse des cours, misant sur un repli vers les deux dollars.

A plus long terme...
Pour celui qui n'investit pas dans une optique court terme, c'est une aubaine. Le marché du gaz sera tiré par la consommation des pays émergents qui ira croissante. Mais aussi par les pouvoirs publics des pays consommateurs de charbon (Etats-Unis, Australie, Chine...) qui tendent à remplacer leur consommation de charbon par celle du gaz, plus "propre".


Quant au redémarrage économique, même s'il se fait attendre dans les pays de l'OCDE, il fera le reste.

Un point noir subsiste :

Contango ! Tu nous fais mal...
Les matières premières sont cotées sur les marchés futures via des contrats standards qui ont des échéances plus ou moins éloignées.


Normalement, la courbe de prix des futures est légèrementascendante. Plus le contrat à une échéance éloignée, plus le prix est élevé. En effet, le prix des futures incorpore un coût de stockage.

Un contrat à 1 an se payera plus cher qu'un contrat à six mois, puisqu'il inclut six mois de stockage. D'où une "prime" à payer en plus.

Sauf qu'actuellement, entre les contrats à échéance octobre et novembre cette prime est de 23%, elle atteignait il y a quelques jours 37% ! Alors qu'elle se situe habituellement entre 4% et 8%.

Ce qui veut dire que si vous détenez un ETF gaz, lorsque le gestionnaire roule sa position sur le gaz lorsqu'arrive à échéance le contrat octobre en le vendant, pour racheter un contrat équivalent sur novembre, il perd de l'argent. Vous perdez de l'argent.

Préférez les actions aux ETF
Voilà pourquoi je recommanderais à ceux qui ont des ETF sur le gaz de les solder. Le fort rebond du gaz depuis quelques jours est une opportunité. En effet, il vient de passer de 2,5 $ mbtu à 4,5 $.


Mieux vaut investir dans des entreprises du secteur, à condition de bien les sélectionner.


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